Imaginer le futur à partir du présent
Nous vivons dans un monde d’ordinateurs. Nos téléphones, nos voitures, nos maisons et bientôt nos corps seront équipés d’ordinateurs. Que se passera-t-il si nous n’apprenons pas à les contrôler ?
Nous vivons dans un monde d’ordinateurs. Nos téléphones, nos voitures, nos maisons et bientôt nos corps seront équipés d’ordinateurs. Que se passera-t-il si nous n’apprenons pas à les contrôler ?
« Distinguer la surveillance publique de la surveillance privée est, à mon sens, une grossière erreur. » – Cory Doctorow
Le 5 juin 2013, le lanceur d’alerte Edward Snowden révélait la première preuve flagrante de l’existence de programmes mondiaux de surveillance de masse. Depuis cela, nous avons appris que l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) et son équivalent britannique, le Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ) surveillaient les activités en ligne et les communications téléphoniques de millions de personnes dans le monde. Deux ans après les révélations d’Edward Snowden, nous souhaitons faire le point sur ce qui a changé grâce aux documents qu’il a divulgués. (Lire le rapport complet, Deux ans après Snowden.)
Alors que les États-Unis semblent faire marche arrière sur les questions de surveillance massive par la NSA, en France le projet de loi sur le renseignement parait faire le chemin inverse. Depuis la naissance des technologies modernes de communication, la surveillance de ce qui passe dans les tuyaux a toujours butté sur la question de la protection de la vie privée des individus. Un équilibre fragile que logiquement seule la loi doit préserver en définissant clairement qui peut faire quoi, comment et pourquoi. Car une fois que le sentiment de surveillance s’installe, la liberté de chacun s’efface.
Les inquiétudes que suscite le traitement des données numériques personnelles n’ont jamais été aussi fortes. Le spectre d’une surveillance omnisciente s’exerçant sur une société transparente hante désormais les discours publics et les représentations des utilisateurs à un point tel que l’imaginaire de liberté et de réinvention de soi qui a accompagné le développement d’Internet apparaît à certains comme une farce cruelle. D’instrument de libération, le web serait devenu l’outil d’un nouvel asservissement. Les enjeux de la protection de la vie privée et des données personnelles, il est vrai, sont d’une rare complexité et ce dossier du Digital society forum voudrait donner quelques clés de lecture pour mieux se repérer dans ce débat multiforme où nos représentations entrent souvent en contradiction avec nos pratiques.
Edward Snowden parle de ce qui a et va changer, deux ans après ses révélations fracassantes sur la surveillance massive des citoyens par les gouvernements. Le 8 mai 2015, Edward Snowden est intervenu sur la surveillance et la sécurité numérique aux Journées nordiques des médias de Bergen, en Norvège. La séance était animée par le journaliste Ole Torp, qui a commencé par demander comment Snowden et moi nous étions rencontrés. Ce qui suit est une retranscription légèrement éditée de mon interview avec Snowden. Toutes les questions ont été soumises par des journalistes norvégiens dans les jours qui ont précédé la séance.
« Quelqu’un qui sait des choses sur nous a un certain degré de contrôle sur nous, et quelqu’un qui sait tout de nous a beaucoup de contrôle sur nous. La surveillance facilite le contrôle. »
« Lorsque les algorithmes sont devenus capables de détecter des comportements d’achat en ligne, je n’ai rien dit car je n’achetais que très peu en ligne. Lorsqu’ils ont détecté des comportements terroristes, je n’ai rien dit car je n’étais pas terroriste. Lorsqu’ils ont détecté des comportements de joueurs compulsifs je n’ai rien dit car je n’étais pas un joueur compulsif. Lorsqu’ils ont détecté l’ensemble de mes comportements, il ne restait plus personne pour protester. » Voilà où nous en sommes aujourd’hui, c’est-à-dire en 2015. Quelques années après 1984 de Georges Orwell, alors qu’en 1983 naissait le réseau internet tel que nous le pratiquons aujourd’hui, c’est-à-dire une interconnexion de différents «sous-réseaux».
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